L'empoisonnement d'Alexandre Litvinenko au polonium 210
Alexandre Litvinenko (1962-2006) a été empoisonné en absorbant du polonium 210 radioactif. Ce meurtre est lié à ses activités professionnelles et politiques. Il a travaillé au KGB de 1988 à 1991, puis au FSB jusqu'en septembre 2000. Parallèlement, à partir de 1994, il est entré au service de l'oligarque Boris Berezovsky, et l'a rejoint en exil à Londres à l'automne 2000. Il a été assassiné par Andrei Lugovoy et Dmitry Kovtun qui lui ont fait boire du thé radioactif deux fois : une première petite dose le 16 octobre 2006, puis le 1er novembre 2006 une dose mortelle de 4,4 giga becquerels dans le Pine Bar de l'hôtel Millennium de Londres.
Le rapport officiel britannique [Modifier] L'écriture de cet article a commencé après la publication du rapport officiel britannique, rédigé sous la direction de Sir Robert Owen, et diffusé le 21 janvier 2016. Ce rapport fait 328 pages, contient 10 parties et 12 annexes. Ses paragraphes sont numérotés et seront référencés ci-dessous sous la forme (parag. X.YYY). Ce rapport fut précédé d'une déclaration préliminaire. Il est accompagné de retranscriptions d'auditions et de documents annexes divers. Tout est consultable sur le site https://www.litvinenkoinquiry.org/. L'histoire de l'empoisonnement [Modifier] Le premier empoisonnement [Modifier] Le lundi 16 octobre 2006, une réunion de travail se tient dans une salle de la société Erinys, à Londres. Alexander Litvinenko y est empoisonné une première fois, mais par une dose trop faible pour le tuer, environ 40 méga-becquerels. Erinys est une société s'occupant de la sécurité des sites pétroliers, qui souhaitait travailler pour Gasprom. Erinys employait un consultant parlant russe, Tim Reilly, lequel avait rencontré Litvinenko une trentaine de fois en quatre mois. Litvinenko avait recommandé un ami vivant en Russie et s'occupant de sécurité, Andrei Lugovoy, qui vint chez Erinys à Londres pour la deuxième fois ce 16 octobre, accompagné de Dmitri Kovtun. La réunion a lieu dans cette pièce de 15h à 15h40. Du thé et du café sont servis. Litvinenko et Lugovoy sont assis dans le coin où la contamination est la plus forte. Dans la nuit, Litvinenko se met à vomir et se sent mal pendant deux jours. Plus tard, interrogé sur son lit d'hôpital avant les mesures des radiations, il raconte qu'il pensait avoir eu une intoxication alimentaire due au poulet épicé qu'il avait mangé ce soir-là. Après la réunion, Lugovoy et Kovtun vont au restaurant japonais Itsu vers 16h20 où une contamination mineure sera constatée, mais qui fut difficile à attribuer dans un premier temps car Litvinenko y est aussi allé à un autre moment avec un magistrat italien nommé Mario Scaramella. Sur son lit d'hôpital, Litvinenko dira n'avoir rencontré personne de suspect, sauf peut-être Scaramella qu'il ne connait pas bien. Mais le juge Sir Robert Owen le met hors de cause car ils se sont assis à une autre table que celle où est trouvée la contamination. A 22h30, Lugovoy et Kovtun vont au Pescatori Retaurant où une contamination mineure sera aussi constatée, et à leur hôtel Best Western, où une contamination majeure sera relevée dans le siphon du lavabo de la chambre occupée par Lugovoy. Cette contamination importante fut sans doute causée soit par la préparation du poison en début de journée, soit par l'élimination du reste du poison en fin de journée. Le lendemain, Litvinenko, Luogovoy et Kovtun, se retrouvent à une réunion dans les bureaux de la société Risc qui emploie Litvinenko pour obtenir des informations sur diverses personnes et entreprises russes. Ce jour-là Litvinenko parle de la société Stolichnaya productrice de vodka et il présente Lugovoy qui l'aide à écrire ses dossiers. Des traces mineures de contamination seront trouvées chez Risc. Le lendemain, 18 octobre, Lugovoy et Kovtun rentrent à Moscou dans un avion où une contamination mineure sera relevée à l'emplacement où étaient assis Lugovoy et Kovtun. Pour des raisons diverses, la contamination éventuelle de l'avion du vol aller de Moscou vers Londres n'a pas pu être testée avec fiabilité. Au cours de ce voyage, Litvinenko se plaint à Kovtun, que Berezovsky lui a réduit son salaire, ce qui est confirmé plus tard par Marina Litvinenko, sa femme. Au passage, l'enquête révèle que Berezovsky versait au début un salaire mensuel de 5000 livres sterling à Litvinenko (parag. 5.34), en plus de lui fournir un bel appartement et d'autres avantages. Selon Lugovoy, Litvinenko prépare une riposte consistant à menacer de révéler des informations pouvant remettre en cause l'asile politique de Berezovsky en Grande Bretagne. Ce projet de chantage n'est pas confirmé, et ne parait pas crédible au juge Sir Robert Owen. Une seconde possibilité d'empoisonnement [Modifier] Du 25 au 28 octobre, Lugovoy revient à Londres, sans Kovtun. Il a une réunion pour discuter de panneaux publicitaires à Moscou avec Badri Patarkatsishvili que Lugovoy connaissait depuis 1993, et qui était un ami géorgien de Berezovsky. Lugovoy rencontre Berezovsky dans son bureau. Il a une conversation avec Litvinenko au bar Palm Court de l'hôtel Sheraton. Plus tard, des taux importants de contamination seront relevés sur deux serviettes de toilette de l'hôtel. Le juge Sir Robert Owen pense que Lugovoy a renversé du polonium lorsqu'il le préparait dans sa chambre, et a séché le polonium dilué avec ces serviettes. Litvinenko n'est pas empoisonné durant ces trois jours. Le dernier empoisonnement [Modifier] L'empoisonnement fatal a lieu à l'hôtel Millennium dont voici le hall d'entrée. Le mardi 31 octobre, Lugovoy arrive de Moscou à Londres en famille à l'occasion du match de coupe d'Europe Arsenal contre CSKA Moscou. Il est accompagné de sa femme Svetlana, de sa fille aînée Galina âgée de 20 ans, de sa fille cadette Tatiana de 19 ans et de son petit ami Maxim Begak, et de son jeune fils Igor de 8 ans. Un ami, Viacheslav Sokolenko, fait partie du voyage. Dmitry Kovtun va bientôt les rejoindre par un vol en provenance de Hambourg où il est passé voir son ex-épouse. Le mercredi matin, Lugovoy passe au bureau de Beresovsky pour y chercher les tickets du match de football (parag. 6.230), pendant que le reste de la famille fait un tour en bus touristique. En début d'après-midi, Lugovoy et Kovtun vont à une réunion avec Alexander Shadrin qui est un partenaire d'affaires, directeur de la Continental Petroleum Limited, à qui ils ont déjà rendu visite le 16 octobre avant la réunion chez Erinys. Un peu avant 16h, Lugovoy et Kovtun arrivent au bar de l'hôtel Millennium, nommé le Pine Bar. Ils s'assoient à une table contre le mur. Litvinenko les rejoint quelques minutes plus tard. Ils s'étaient téléphonés avant pour s'y donner rendez-vous. Litvinenko ne boit pas d'alcool, mais est un grand consommateur de thé, comme beaucoup de Russes. Une théière en porcelaine blanche est déjà sur la table quand il arrive, et il se sert sans que personne ne le force, comme il le racontera sur son lit d'hôpital. La réunion amicale dure une demi-heure. Litvinenko retourne chez lui, mais le soir, il commence à vomir et à être très malade. Pendant ce temps-là, Lugovoy et sa famille assistent au match de football qui se termine par 0-0 malgré la présence de Thierry Henry. Dans la nuit du 2 au 3 novembre, Litvinenko est tellement malade que sa femme appelle une ambulance qui vient le chercher vers 2 heures du matin pour l'emmener au Barnet Hospital. Il est d'abord traité avec des antibiotiques car une forte attaque virale est soupçonnée. Mais son état se dégrade. Finalement, on remarque que les symptômes ressemblent à ceux de personnes irradiées pour éliminer les tumeurs de certains cancers. On décide de le transférer au University College Hospital qui a une unité pour les radiations. Juste avant de partir, le 17 novembre, il est encore conscient et accorde une interview à un journaliste, David Leppard du Sunday Times. Litvinenko fait part de son soupçon sur Mario Scaramella, et ne mentionne pas Lugovoy ni Kovtun (parag. 3.135). De leurs côtés, les dissidents russes amis de Litvinenko, Vladimir Bukovski, Yuri Shvets, et Akhmed Zakaev blâment l'Etat russe. Litvinenko perd ses cheveux par endroits. Sa tête est rasée. Le camp Berezovsky ne reste pas inactif. Parmi eux se trouve l'américain Alex Goldfarb, qui fait venir un photographe (3.141) pour prendre la photo ci-dessus et la diffuser largement à la presse. Goldfarb demande à un avocat, George Menzies, d'écrire une lettre à la place de Litvinenko mêlant envolées lyriques et accusations : « But as I lie here I can distinctly hear the beating of wings of the angel of death ... You may succeed in silencing one man but the howl of protest from around the world will reverberate, Mr Putin, in your ears for the rest of your life » (parag. 3.143). On la fait signer à Litvinenko. Cette lettre est exhibée, sans révéler son véritable auteur, lors d'une grande conférence de presse le 21 novembre. Le lendemain, les analyses mettent enfin en évidence le polonium 210. Mais c'est déjà trop tard, et de toutes manières, il n'y a pas de traitement. Litvinenko est déjà inconscient. Il meurt le lendemain, 23 novembre d'un arrêt cardiaque. Il est enterré selon le rite musulman, à la surprise de sa femme, Marina et de son fils Anatoly, qui apprennent qu'il se serait converti la veille quand il a été visité par Akhmed Zakaiev et un imam. Zakaiev est un ancien leader Tchétchène du clan Berezovsky à Londres. L'enquête montre que le corps de Litvinenko a absorbé une dose de 4,4 giga becquerels, ce qui est possible avec un morceau de polonium 210 pesant moins d'un milligramme, et ne se sentant pas au goût. Le polonium utilisé n'a pas d'empreinte exploitable dans cette affaire, pour en connaitre l'origine. Il est vendu quasiment librement, et de nombreux états ou organisation criminelles peuvent s'en procurer. Voir plus bas, l'annexe pour davantage d'informations techniques. Les protagonistes [Modifier] Boris Berezovsky [Modifier] Boris Berezovsky fut l'homme le plus riche de Russie. Après de longues études de mathématiques, et quelques emplois d'ingénieur, il commence une carrière fulgurante d'homme d'affaires. Il vend d'abord des voitures russes pour lesquelles il obtient une sorte d'exclusivité. Puis il importe des voitures allemandes plus lucratives, et devient ami de Tchétchènes. Il se diversifie en profitant largement des privatisations de l'industrie pétrolière. Il s'intéresse aussi aux médias et acquiert des chaines de télévision et des journaux. Il emploie des moyens qui ne sont pas toujours légaux, par exemple en étant très probablement le commanditaire de l'assassinat du présentateur de télévision, Vlad Listyev (parag. 3.26), et aussi le commanditaire de l'assassinat du journaliste américain d'origine russe, Paul Klebnikov. De plus, les mafias se font la guerre entre elles. Berezovsky a l'intelligence de s'entourer d'hommes de sécurité compétents comme Litvinenko et Lugovoy. Après la mort de Eltsine, il soutient Poutine qui est plus progressiste que les autres candidats. Son pouvoir s'érode. Il doit faire face à quelques procès. Bien qu'il réussisse à éviter la prison, il pense qu'il est plus prudent de s'exiler à Londres, où il obtient l'asile politique en 2003. La Russie demande plusieurs fois son extradition, sans succès. Depuis son bureau londonien, il essaye de renverser le pouvoir en Russie en finançant et en favorisant toutes sortes de dissidences. Les élites et médias occidentaux soutiennent généralement Berezovsky, mais commencent à douter légèrement de lui lorsque son procès avec son ancien collègue Roman Abramovitch, met en lumière des mensonges de Berezovsky. Cela trouble même le juge Sir Robert Owen qui rapporte les réticences d'une magistrate : « I have also borne in mind the fact that Mrs Justice Gloster found Mr Berezovsky to be a highly unreliable witness in the proceedings that he brought against Mr Roman Abramovich in the High Court in London » (parag. 3.23). Alexandre Litvinenko [Modifier] Alexandre Litvinenko, à gauche sur la photo, à côté de Berezovski lors de son 60e anniversaire, avec Zakaiev tout à droite et entre eux, probablement la femme de Zakaiev avec le voile, et la femme de Berezovski qui demandera bientôt le divorce. Malgré son nom ukrainien, Litvinenko est né à Voronej, en Russie, en 1962. Il fait une école militaire d'où il sort lieutenant en 1985. Il travaille pendant trois ans au ministère de l'intérieur, avant d'entrer au KGB, en 1988 qui devient le FSB en 1991. Il entre au service de Berezovsky en 1994, l'informant sur ce qui se passe au FSB, et allant même jusqu'à le défendre en utilisant son arme. Le 17 novembre 1998, il est le principal intervenant dans une conférence de presse où des agents du FSB critiquent leurs supérieurs en les accusant de corruption et d'exiger des assassinats et des intimidations d'opposants. Cette conférence est souvent mal interprétée en occident, y compris par le juge Sir Robert Owen. Naïvement il croit à une réunion d'agents honnêtes et victimes qui seraient des lanceurs d'alerte, whistleblower (parag. 3.48). Pourtant le juge Sir Robert Owen sait que lors de la conférence furent projetés des films tournés dans la datcha de Berezovsky (parag. 3.51), lequel finança et organisa toute cette opération de communication. De plus, cette conférence se tient peu de temps après le limogeage de l'ancien chef du FSB par Eltsine, et constitue sans doute une mise en garde envers son nouveau chef, Vladimir Poutine, afin qu'il ne tente rien contre Berezovsky. En septembre 2000, Litvinenko émigre à Londres avec sa femme Marina, professeur de danse, et son fils Anatoly, en demandant l'asile politique, qui lui est accordé. Il se fait appeler Mr Carter. Le 13 octobre 2006, il obtient la nationalité britannique. Andrei Lugovoy [Modifier] Andrei Lugovoy est le fils d'un militaire. Il a commencé une carrière dans l'armée, avant de se faire embaucher par Berezovsky pour assurer la protection de la chaîne de télévision ORT. Ses liens avec Berezovsky se maintiennent après l'exil de l'oligarque, bien que Lugovoy ne soit pas un dissident. Il est fan de football et pratique le ski alpin. Son ambition et sa volonté lui permettent de diriger quelques petites entreprises en Russie, principalement des sociétés de protection. Très patriote, il entre au Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR), dont il sera question dans notre hypothèse alternative. Dmitri Kovtun [Modifier] Dmitri Kovtun est un ami d'enfance de Lugovoy. Après quelques années dans l'armée, il travaille dans des restaurants. Il est décrit comme étant un homme gentil, pouvant séduire les femmes, mais n'ayant pas de réussite professionnelle. Dans toute cette affaire, il n'eut quasiment aucun rôle, à part sans doute de soutien psychologique et de faire valoir de son ami Lugovoy. Après le meurtre, il continuera à mener une vie discrète et modeste. L'hypothèse du juge Sir Robert Owen [Modifier] Préjugés [Modifier] Le juge Sir Robert Owen croit en la culpabilité de l'Etat russe dès le début : « It had always been my view that the question of possible Russian state responsibility was one of the most important issues arising from his death » (déclaration préliminaire et parag 2.6 du rapport) et il reconnait qu'il a utilisé une « flexible and variable approach to the standard of proof » (parag. 2.20). Il précise « I shall state where necessary that I find a fact proved on the balance of probabilities or to a higher standard where appropriate » (appendice 1, parag. 121, page 261) autrement dit, il n'a pas besoin de preuves, juste de probabilités et même parfois juste de sa définition personnelle de ce qui est approprié. Preuves secrètes [Modifier] Le 30 novembre 2006, la police du Inner North London fait une enquête, qui est arrêtée le 13 octobre 2011. Le 7 août 2012, le juge Sir Robert Owen commence une Inquest (une procédure judiciaire qui suit l'enquête de police). On (source non précisée) lui fournit des sensitive government documents qui mettent en évidence la responsabilité de l'Etat russe. Mais la loi interdit qu'une Inquest prenne en compte des documents secrets. Pour contourner ce problème, au lieu de demander la déclassification des documents, Sir Robert Owen demande que la Inquest soit transformée en une Public inquiry (en anglais le mot public signifie parfois privé, par exemple les public schools sont des écoles privées). Une public inquiry est une procédure rare et exceptionnelle. Dans un premier temps, elle est refusée par Theresa May, Home Secretary. Mais ce refus est annulé par la High Court où siège Sir Robert Owen. Toute l'implication de Poutine ne repose que sur des closed evidence (parag. 7.1 et suivants) qu'il ne peut pas montrer dans un procès ordinaire. C'est ce qu'explique Sir Robert Owen dans sa déclaration préliminaire (https://www.litvinenkoinquiry.org/files/lit210116.pdf) : « In the course of my preparation for the inquest, I was given access to sensitive government documents that in my judgment were relevant to the investigation that I was conducting. More particularly, those documents raised a prima facie case that the Russian state bore responsibility for Mr Litvinenko's death. ». Ignorance de la culture russe [Modifier] Sir Robert Owen ne parle pas russe, n'évoque aucun voyage en Russie qu'il aurait fait, ni aucun intérêt particulier pour la Russie. Ses connaissances de la Russie sont très limitées. Il en est conscient et se fait donc aider par le professeur Robert Service, historien à Oxford University (parag. 9.41). Ce dernier est très vague, par exemple, il déclare « Some kind of action by the FSB against Berezovski and his associates, especially Litvinenko, was made likely by their sustained media campaign against the Putin administration. The form of such action could not be predicted. » (parag. 4.23). Il explique aussi qu'une loi votée sous la présidence de Poutine pourrait avoir des effets subtiles encourageant le FSB à agir contre Litvinenko. Sir Robert Owen raconte : « Professor Service, rightly in my view, identified a further consideration. Even if the strict terms of the 2006 laws could not be brought to bear against Mr Litvinenko, can it be said that they had a subtler, less formal effect of encouraging, or emboldening, or even licensing the FSB to take action against Mr Litvinenko and others like him? » (parag. 5.22). Sir Robert Owen fait le lien entre le meurtre de Litvinenko et d'autres meurtres. Mais d'une part, le lien est établi sans preuves, et d'autre part il n'y a pas non plus de preuves de la culpabilité de Poutine dans ces autres meurtres. Il se réfère à Anna Politkovskaya, qui avait obtenu la nationalité américaine (parag. 5.72) et qui était une dissidente du clan Berezovsky (parag. 5.69). Sir Robert Owen explique : « Professor Service recorded that "most observers" believed Ms Politkovskaya's death to have been "a political assassination", with suspicion falling on either President Putin or President Kadyrov of Chechnya. » (parag. 9.131). Il se réfère aussi à Sergei Yushenkov et Vladimir Golovlev, aussi membres du clan Berezovsky (parag. 9.132, 9.133), le vice-président tchétchène Zelinkhan Yandarbiev (parag. 9.135), Yuri Shchekochikhin qui aurait été empoisonné à la dioxine selon Goldfarb (parag. 9.138), Ibn Khattab mort par une lettre empoisonnée selon Goldfarb (9.140), Roman Tsepov empoisonné par une substance radioactive selon Goldfarb (9.141), et même Boris Nemtsov (parag. 9.147). Le FSB [Modifier] Sir Robert Owen pense que Lugovoy et Kovtun font partie du FSB. Il ne fournit aucune preuve dans le rapport. Au contraire il consigne le témoignage de Lugovoy qui raconte qu'il fut au KGB après son école militaire, puis qu'il travailla dans un service de gardes du corps, et nie avoir été membre du FSB. Sir Robert Owen réplique que Lugovoy est un menteur. Il note avec insistance (parag. 4.147, et 9.161) que Lugovoy s'est vanté d'avoir été emprisonné à Lefortovo, alors que Nikolai Glushkov dit ne pas l'y avoir vu. D'abord, il faudrait une vérification plus approfondie sur cet emprisonnement que la simple parole de Glushkov. Ensuite Lugovoy n'y est peut-être resté que très peu de temps avant d'être transféré ailleurs, ou bien Lugovoy nommerait cette prison plutôt qu'une autre, parce que Lefortovo est une prison prestigieuse. En tous cas, même s'il a menti à propos de cette prison, cela ne signifie pas qu'il serait ou aurait été membre du FSB. La liste des agents du FSB est sûrement connue des services de renseignement britannique, ne serait-ce que parce que Litvinenko a raconté tout ce qu'il savait à son arrivée à Londres. Il est étonnant que Sir Robert Owen n'arrive à trouver rien d'autre que le mensonge présumé sur Lefortovo. Enfin Sir Robert Owen déclare que Lugovoy et Kovtun n'ayant aucun motif personnel, ils ont donc agi sur ordre du FSB, avec l'approbation de Patrushev, chef du FSB, et du président Poutine : « There is no evidence at all that either Mr Lugovoy or Mr Kovtun had any personal reason to kill Mr Litvinenko. ... Mr Lugovoy and Mr Kovtun were acting on behalf of someone else. » (parag. 9.2) et « I will address one further issue, namely whether Nikolai Patrushev (the head of the Federal Security Service (FSB) in 2006) and/or President Putin bear any responsibility for Mr Litvinenko's death. » (parag. 9.8). Une autre hypothèse plus plausible [Modifier] Beresovsky est suspect, mais moins que les nationalistes [Modifier] Le meurtre aurait pu être commandité par Beresovsky puisque Litvinenko aurait pu le faire chanter. Mais ce serait se donner beaucoup de mal que de faire venir des Russes pour faire ce travail, et d'utiliser du polonium. Le seul intérêt serait d'en blâmer Poutine, mais si cela avait été un but important, il aurait fait tuer une personne plus respectable que Litvinenko. Une hypothèse plus plausible est que ce meurtre soit dû aux nationalistes russes, dont Lugovoy faisait partie. De plus, Lugovoy est un homme ambitieux, qui cherchait la célébrité. Il a réussi à monter plusieurs entreprises, et il ambitionnait de devenir député. On peut rapprocher le meurtre de Litvinenko d'autres meurtres politiques où l'on note un profil particulier des responsables : des personnes qui agissent pour défendre un certain honneur avec des moyens illégaux. Ils sont marginaux, même s'ils ont parfois des liens étroits avec le pouvoir en place. Le GAL (Grupos Antiterroristas de Liberación1) s'est opposé à l'ETA (Euskadi ta Askatasuna2), allant jusqu'à tuer certains militants qui vivaient en France. Le GAL est une organisation de type para-militaire, séparée des services secrets espagnols, bien que le ministre de l'intérieur José Barrionuevo y ait joué un rôle important. Cependant le chef de l'Etat espagnol, Felipe Gonzalez, n'a pas été impliqué. Au moment de la guerre d'Algérie, des affrontements sanglants ont eu lieu entre l'OAS (Organisation armée secrète) et les membres du MPC (Mouvement Pour la Coopération3) communément appelés Barbouzes4. Mais personne ne pense que le Général de Gaulle aurait créé le MPC et lui aurait donner des ordres. Le Parti libéral-démocrate de Russie [Modifier] La recherche de renseignements sur Lugovy et Kovtun par les enquêteurs britanniques a été légère. Sir Robert Owen l'explique par l'obstruction des autorités russes. Néanmoins les policiers britanniques ont tout de même été autorisés à les voir en Russie. Ils les ont interrogés pendant plusieurs heures. Sir Robert Owen a appris que Lugovoy est devenu l'un des 450 députés du parlement de Russie, ayant été élu sur la liste du Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR) en 2007, et réélu en 2011. Cependant Sir Robert Owen considère que le LPDR « is a party that since the early 1990s has acted as a pseudocritical part of the tolerated opposition to whoever is President at the time. » (parag. 9.179). C'est très dommage qu'il ne prenne pas la peine de mieux se renseigner sur ce parti. Même sans parler russe, un rapide coup d'il aux photos publiées sur le site officiel de ce parti5 sont assez éloquentes : On y voit que c'est un parti ayant des moyens importants et de nombreux adhérents. Wikipedia nous apprend que le Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR/ЛДПР) a été fondé en 1989. Il est dirigé par Vladimir Jirinovski6. Ses scores aux élections législatives sont en moyenne de 11% (23% en 1993, 11% en 1995, 6% en 1999, 11% en 2003, 8% en 2007, 12% en 2011) ce qui lui donne une quarantaine de députés à la Douma. Le LDPR prône une Russie forte sur le plan intérieur et international. Le LDPR ne rassemble pas que des bourgeois en costume mais aussi des paramilitaires et des supporters de football. Son chef a un ego suffisamment développé pour qu'il se fasse représenter par une statue de bronze de 3,50 mètres de haut, avec l'approbation d'un noyau dur de partisans. Les hooligans [Modifier] Revenons sur le sujet du football, auquel Sir Robert Owen n'accorde pas d'importance bien qu'il mentionne l'étrange tee-shirt destiné à Berezovsky : « Mr Cotlick was shown a T-shirt that Mr Filinov had given to Mr Berezovsky. Mr Filinov explained that he had been given the T-shirt in Moscow by Mr Lugovoy and, at Mr Lugovoy's request, had delivered it as a gift to Mr Berezovsky. There was writing printed on the T-shirt (which can be seen in the photographs of the T-shirt below). The writing was in extraordinary terms. The writing on the front of the T-shirt read "POLONIUM-210 CSKA LONDON, HAMBURG To Be Continued". The writing on the back of the T-shirt read, "CSKA Moscow Nuclear Death Is Knocking Your Door" » (parag. 8.123). Dans la langue russe, on désigne souvent les supporters de football par le mot "хулиган" qui vient de l'anglais "hooligan", parce que les fans sont souvent violents. En Ukraine, à Maidan, les hooligans du Dynamo Kiev étaient les plus violents des manifestants. Il est aussi connu que ceux de Kharkov/Kharkiv ont participé à l'incendie criminelle de la maison des Syndicats à Odessa. Notons aussi que la résistance dans le Donbass fut d'abord dirigée par Pavel Goubarev qui est l'un des leaders des supporters du Shaktior Donetsk. Or Lugovoy était très certainement aussi un fervent supporter de football. Sir Robert Owen note : « One fact about Mr Lugovoy that emerges with some clarity from the totality of the evidence is that he was a keen supporter of the CSKA Moscow football team. As I have mentioned above, when Mr Lugovoy met up with Mr Litvinenko for the first time in London in October 2004, he was in London to watch a match between Chelsea and CSKA. » (parag. 6.226). Motifs personnels de Lugovoy [Modifier] Les motifs pour lesquels Lugovoy pouvait en vouloir à Litvinenko sont : la trahison de l'armée, la trahison des entreprises russes, et la jalousie. Lugovoy pense que Litvinenko a trahi la Russie en s'associant à Akhmed Zakayev (au milieu sur la photo), un des chefs tchétchènes, et à l'écrivain Vladimir Bukovsky (à droite) très négatif envers l'Etat russe. Lugovoy pense que Litvinenko a trahi l'armée russe en s'enfuyant à Londres où il a immédiatement livré toutes les informations qu'il avait accumulées en une vingtaine d'années au sein de l'armée. Il les a données au MI6, ainsi qu'à Alexander Goldfarb qui est considéré comme étant un agent de la CIA par Kovtun, ce que Sir Robert Owen ne dément pas (parag. 6.142). Microbiologiste de formation, Goldfarb a quitté l'URSS en 1975. Il a obtenu la nationalité américaine, mais il se déplace très souvent en Europe et au Proche Orient. Il est ami de Boris Berezosvky et de George Soros7. Yuri Felshtinsky est un historien russe émigré à Londres, où Berezovsky l'emploie pour écrire des articles et des livres qui dénigrent le Kremlin et l'armée russe. Il a notamment été chargé de soutenir la thèse selon laquelle la série d'attentats contre des appartements russes en 19998 n'aurait pas été l'oeuvre de Tchétchènes mais du FSB pour justifier la seconde guerre de Tchétchénie. Lugovoy pense que Litvinenko a trahi les entreprises russes en fournissant aux entreprises anglo-saxonnes voulant s'implanter en Russie, des dossiers sur les points faibles des entreprises russes concurrentes. Il est possible aussi que Lugovoy soit un peu jaloux de la vie aisée que mène Litvinenko à Londres, alors qu'il trime en Russie avec ses petites sociétés de protection. Le polonium 210, sa production, son prix, et son utilisation [Modifier] L'atome de polonium [Modifier] L'atome stable de polonium contient 84 protons, 125 neutrons et 84 électrons. Il est appelé polonium 209 (car 84+125=209). Son radioisotope le plus courant sur terre est le polonium 210 qui possède un neutron supplémentaire. Le polonium 210 est radioactif. Il émet principalement des particules alpha, lesquelles sont constituées de 2 protons et de 2 neutrons. Cette désintégration le transforme en un atome stable de plomb 206. Statistiquement, au bout de 138 jours, 50% des atomes de polonium 210 se sont transmutés en plomb. On appelle cela la demi-vie, ou période radioactive. Au bout du double de 138 jours, il ne reste plus que 25%, etc. C'est une demi-vie assez courte. Par comparaison, l'iode 131 a une demi-vie de 8 jours, le césium 137 de 30 ans, le radium 226 de 1602 ans, le carbone 14 de 5730 ans, l'uranium 235 de 703 millions d'années et l'uranium 238 de 4 milliards d'années. La puissance du rayonnement dû à la force d'expulsion de ces particules n'est pas très grande. Les dommages ne sont pas tant causés par les collisions, le souffle, que par un phénomène secondaire appelé ionisation. En effet, les particules alpha ont une forte tendance à attirer 4 électrons afin de former des atomes d'hélium stables. Les électrons sont pris aux atomes et aux molécules qui se trouvent sur la trajectoire du rayonnement. Cela casse les molécules, puisque celles-ci sont des assemblages d'atomes liés par des électrons mis en commun. Les êtres vivants ont besoin de beaucoup de grandes molécules, notamment les chromosomes et les protéines. Le rayonnement alpha, en les brisant, fait mourir les cellules. L'origine du polonium 2010 [Modifier] Dans la nature, le polonium 210 est généralement produit par une chaine de désintégration de l'uranium 238 en passant, entre autres, par le thorium, le radium et le radon. Les engrais utilisés pour la culture du tabac contiennent une petite quantité de radium 226 qui se désintègre notamment en polonium 210. C'est la raison pour laquelle les cigarettes sont un peu radioactives, et attaquent les poumons et les organes digestifs. L'industrie du tabac cherche à supprimer ces éléments toxiques, mais sans succès notables pour le moment9. Dans les laboratoires, le polonium 210 est habituellement produit par une méthode moins coûteuse qui consiste à exposer du bismuth 209 à un rayonnement de neutrons afin d'obtenir du bismuth 210, dont l'instabilité lui fait émettre une particule beta, changeant ainsi un de ses neutrons en un proton résultant en du polonium 210 (parag. 9.52). Pour relier le polonium à la Russie, un argument frauduleux est souvent utilisé qui est son empreinte supposée ou fingerprint en anglais. Par exemple, Alex Goldfarb et Marina Litvinenko mettent en avant cette théorie dans un livre intitulé Death of a Dissident. En conséquence, Sir Robert Owen a demandé aux experts scientifiques d'utiliser l'empreinte du polonium. Mais cela fut impossible. Sir Robert Owen l'explique aux paragraphes 9.60 à 9.72. Voici sa conclusion : « In summary, the claims made about the fingerprint' theory in the passage from Death of a Dissident that I have quoted above are not supported by the expert scientific evidence that I have heard. The analysis conducted at AWE does not support the assertion that all commercially produced batches of polonium 210 have characteristic impurities, and although there is a process by which such samples can be aged by reference to their lead content, the process is far from precise and in any event the samples in this case had not been sufficiently well preserved to enable meaningful calculations to be made. » Autrement dit, la méthode de l'empreinte n'a pas été applicable parce que les laboratoires ne produisent pas des lots suffisamment uniformes et parce que les échantillons n'étaient pas dans un état suffisamment parfait pour mesurer leurs caractéristiques avec la très grande finesse de précision requise par cette méthode. Cela dit, le polonium est principalement produit en Russie. Malgré tout, on ne peut pas exclure les quelques autres laboratoires qui existent au Royaume Uni, au Canada, en Inde (parag. 9.105). Mais surtout, il faut savoir que la Russie vend son polonium à n'importe qui. Sir Robert Owen l'admet : « polonium 210 is routinely manufactured and sold commercially » (parag. 9.46) et « It is not in any doubt that polonium 210 is, and was, throughout the relevant period, manufactured in Russia for commercial purposes. » (parag. 9.50). Parmi les clients se trouvent les Etats-Unis : « Professor Dombey stated that the Avangard programme manufactured 0.8 grams of polonium 210 every month, and that this entire amount was routinely exported to the USA. » (parg. 9.54). Cela est confirmé par le Detective Inspector Mascall : « The police made enquiries into the export of polonium from Russia to the USA, and DI Mascall gave evidence about the results of those enquiries. His evidence was consistent with the more detailed evidence given by Professor Dombey. » (parag. 9.56) Autrement dit, le polonium 210 est une arme comparable à une kalachnikov, qui est souvent fabriquée en Russie, mais pas que là, et qui peut être achetée par des clients d'autres pays, y compris par les Américains. Toutefois, le professeur Dombey, qui est payé par les anti-Poutine via Alex Goldfarb, ajoute : « He further explained that on arrival in the USA, the polonium 210 was split and placed in tiny amounts into sealed sources that were then sold for use in devices such as anti-static guns. » (parag. 9.55). Le professeur Dombey a calculé qu'il faudrait 450 sachets pour collecter la dose de 50 microgrammes de l'affaire Litvinenko. Un autre expert précise que la difficulté ne résiderait pas dans l'achat de ces 450 sachets puisque que plusieurs millions sont produits chaque mois, mais plutôt dans la purification du contenu des sachets (parag. 9.100). Donc, le polonium ne vient probablement pas des petits sachets anti-statiques. Néanmoins, le polonium peut aussi être vendu autrement, et l'avocat Emmerson du camp anti-Poutine avance un nouvel argument : « the quantity of polonium of this purity used in the assassination of Mr Litvinenko would have cost tens of millions of dollars if it was purchased » (parag. 9.115). En pratique, ce prix très élevé ne pourrait être payé que par un Etat. Mais cette affirmation est contredite : « However, the evidence that I received on this issue was to the effect that the commercial price of polonium 210 in 2006 was in fact very much lower than Mr Emmerson suggested. DI Mascall gave evidence that a consignment of polonium 210 containing many times the quantity that Mr Litvinenko ingested was sold in 2006 for US$20,000. » (parag. 9.116). L'action du polonium 210 dans le corps de Litvinenko [Modifier] Le polonium 210 est très toxique, puisqu'une très petite quantité peut être mortelle. Dans l'affaire Litvinenko la dose estimée était de 50 microgrammes (parag. 9.96). Il se présente sous la forme d'un métal, ressemblant à un morceau d'acier. Il se dissout facilement. De part la petitesse de sa dose, il passe inaperçu, ne provoquant pas de coloration ni de changement de saveur important. Il est détectable par un compteur Geiger, mais ce dernier doit se trouver tout proche, car le rayonnement s'atténue avec le carré de la distance, et avec les obstacles. Généralement, le polonium 210 ne passe pas la barrière de la peau (l'épiderme). Par contre, il peut passer à travers les membranes des organes digestifs et des poumons10. Litvinenko a vomi, a eu de la diarrhée, a rejeté du sang, a eu une diminution importante de son nombre de globules rouges et blanches, a perdu beaucoup de cheveux, et a eu une dégénérescence de ses reins, de son foie et de sa moelle osseuse, avant finalement de succomber d'un arrêt cardiaque. Notes [Modifier] 1. Voir l'article de Wikipedia sur le GAL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupes_antiterroristes_de_lib%C3%A9ration.
2. Voir l'article de Wikipedia sur l'ETA : https://fr.wikipedia.org/wiki/Euskadi_ta_Askatasuna.
3. Voir l'article de Wikipedia sur le MPC : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_pour_la_communaut%C3%A9.
4. Voir l'article de Wikipedia sur les barbouzes : https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbouze.
5. Voir le site officiel du Parti libéral-démocrate de Russie : http://ldpr.ru/.
6. Voir l'article de Wikipedia sur Vladimir Jirinovski : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vladimir_Jirinovski.
7. Voir l'article de Wikipedia en anglais sur Alexandre Goldfarb en.wikipedia.org/wiki/Alexander_Goldfarb_(biologist).
8. Voir l'article de Wikipedia en anglais sur ces attentats appelés apartment bombings : https://en.wikipedia.org/wiki/Russian_apartment_bombings.
9. Voir l'article de Wikipedia en anglais sur le polonium : https://en.wikipedia.org/wiki/Polonium.
10. Voir l'article de Wikipedia en anglais sur le polonium : https://en.wikipedia.org/wiki/Polonium.
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