Les reliques de la Passion sont les objets considérés comme étant liés à la crucifixion du Christ.
En 30, ou en 33
1, Jésus est crucifié sur la colline du Golgotha et son corps est déposé dans une tombe non loin de là
2.
Au II
e siècle, le souvenir de l'emplacement de la tombe se perd, d'autant plus, qu'à la suite de la révolte juive de l'an 132, l'empereur romain Hadrien fait raser les lieux saints de Jérusalem, et construire dans le secteur une grande esplanade ainsi qu'un temple dédié à Jupiter.
En 326, Hélène, la mère de l'empereur Constantin qui s'est converti au christianisme en 323, organise des fouilles à Jérusalem sur le Golgotha. Le temple à Jupiter est détruit, l'esplanade est creusée. La tombe de Jésus y est retrouvée
3. Des objets sont découverts dont on pense qu'ils sont liés à la crucifixion :
- une partie du bois de la croix,
- la couronne d'épines,
- les clous utilisés pour le maintenir sur la croix,
- le fer de la lance avec lequel Longin lui a percé le flanc,
- l'éponge qui a servi à lui présenter du vinaigre.
Une basilique est construite au-dessus de la tombe. Elle abrite les reliques.
En 637, les troupes musulmanes s'emparent de Jérusalem après un siège. Les reliques sont transportées à Constantinople où elles sont déposées dans une chapelle du palais impérial.
En 1237, l'empereur latin de Constantinople, Baudouin II, vend les reliques au roi de France, Louis IX (Saint Louis). Elles arrivent en France en trois convois de 1239 à 1242. C'est d'abord la couronne d'épines que le roi reçoit le 10 août 1239 à Villeneuve-l'Archevêque (aujourd'hui dans le département de l'Yonne). Elle est transportée dans la cathédrale de Sens, puis à Vincennes, et enfin à
Notre-Dame de Paris où elle est déposée dans l'attente de la construction de la Sainte-Chapelle du Palais, qui sera achevée en 1248.
La Sainte-Chapelle de Saint Germain en Laye est construite en 1238 pour conserver quelques unes des reliques.
La Sainte-Chapelle de Vincennes est construite et conserve le bois de la vraie croix et une épine de la couronne. Les inventaires de 1453, 1456, et 1739, en font mention. Après 1739, le sort de ces reliques est inconnu
4.
Louis IX fait don d'autres fragments à la chapelle Saint-Guénaud de Corbeil, aux églises cathédrales de Senlis et de Sens, aux Cisterciens de Vaucelles et aux Augustins du Mont-Saint-Eloi.
Vers 1308, Philippe le Bel fait don d'un fragment de la vraie croix et d'autres reliques à la chapelle de La Neuville-aux-Bois près de Compiègne. Il a choisi le château de Compiègne pour sa résidence royale. La Neuville-aux-Bois est renommée Royallieu. Le prieuré des religieux augustins est dédié à Saint Louis, qui est le grand-père de Philippe le Bel. Chaque Vendredi saint (à Pâques), les reliques sont portées en procession au château de Compiègne. En 1634, les reliques sont transférées à Saint-Jean-aux-Bois, situé à une dizaine de kilomètres de Royallieu, quand les augustins échangent leur place avec celle des bénédictines
5.
En mars 1791, les reliques de la Sainte-Chapelle de Paris sont déposées à Saint-Denis, puis transférées en 1793 à l'Hôtel des monnaies. Le 10 août 1806, les reliques furent transportées en grande pompe à Notre-Dame.
3. Selon l'évêque Eusèbe de Césarée
4. Article de Jean Chapelot,
Saint Louis et le chêne de Vincennes ou comment et pourquoi se construit une légende, dans le
Bulletin de la Société des Amis de Vincennes, numéro 61, année 2010.
5. Elisabeth Lalou,
Les abbayes fondées par Philippe le Bel, in
Revue Mabillon, volume 63, 1991, pages 152 à 153, mentionné par Catherine Guyon, dans
Les écoliers du Christ, l'ordre canonial du Val des Ecoliers, 1201-1539, publications de l'université de Saint-Etienne, 1998, ISBN 2-86272-139-5.